'Portrait de Dora'
Créée Paris dans une mise en scène de Simone Benmussa, le 26 février 1976 au Théâtre d'Orsay (Compagnie Renaud-Barrault) à Paris, et reprise en octobre 1976. Elle a été montée à Vienne l'automne 78.
" ... Ces événements s'annoncent, comme une ombre, dans les rêves, ils deviennent souvent si distincts qu'on croit les saisir d'une façon palpable, mais, malgré cela, ils échappent à un éclaircissement définitif, et si l'on procède sans habileté ni prudence particulière, on ne peut arriver à décider si une pareille scène a réellement eu lieu.
Le Portrait de Dora fait référence à la psychanalyse et à la société bourgeoise où elle s'exerçait en 1900. Il met en scène le docteur Freud et sa patiente préférée, Dora, dont le cas a été retracé dans Cinq psychanalyses. Le corps de Dora parle, dit sa détresse, appelle ; mais qui ?
Freud l'écoute, Freud échoue. Pour avoir trop aimé Dora sans vouloir le reconnaître, le docteur se trompe d'interprétation. Et c'est Dora qui le congédie comme s'il n'avait été qu'une gouvernante, le 1er janvier 1900. Tout autour de ce couple, deux familles adultères. Chacun s'arrange pour prendre sa part dans les petits marchés du désir, sauf Dora.
Ce théâtre se déroule sur plusieurs scènes simultanées : la scène de la réalité où se rencontrent le médecin et la patiente qui remonte à l'enfance de Dora, au passé toujours présent ; les scènes rêvées.
Si le rêve est l'instrument privilégié de la psychanalyse la pièce ne met cependant pas en scène une cure. Tout se joue dans l'imaginaire des personnages : entre mari et femme, entre père(s) et fille, entre le médecin et sa malade : entre hommes et femmes.
Du coup, la cure s'ouvre sur une autre scène, celle de l'amour, celle de tous les amours possibles et impossibles. De l'amour qui n'arrive pas à se dire."
-Catherine Clément
'La Prise de l'école de Madhubai'
Créée en décembre 1983 par le Théâtre de l'Europe, dans une mise en scène de Michelle Marquais.
" Il fut d'abord une fois, il y a trois mille ans et pour toujours, Sakuntala, fille des filles, femme de toutes les femmes, mère délicieuse du Théâtre. Elle naquit en sanscrit sous la plume de l'immense Kalidasa. Son histoire se passe dans l'Inde du Nord, au bord du Gange. C'est de là qu'elle descend éternellement les marches du temps et vient à nous en souriant. Entre temps tout a changé ici sauf l'âme de Théâtre. Il y eut une autre fois en 1899 à Vienne, une jeune fille de 18 ans appelée Dora. De son combat mythique avec les hommes et les démons, naquit la psychanalyse, parente déguisée du Théâtre. Quand je la rencontrai, je la reconnus aussitôt. C'est qu'elle était ce qui restait de Sakuntala, après des millénaires de scènes entre pères, filles, amants et destinées. Elle était aussi un peu moi et un peu toute femme... "
Hélène Cixous